La double courbure est au cœur de mon travail de sculpture.
J'observe que la nature cherche constamment à obtenir la plus grande résistance possible avec le moins de matière possible, et qu'elle trouve dans la courbe la clé de cette quête. Il suffit pour s'en convaincre d'observer les coquillages, les structures végétales ou une simple coquille d'oeuf. Leur résistance est fondée sur leur forme courbe, doublement courbe, et non pas sur la masse de matière utilisée.
C'est le contraire pour la plupart des structures construites par l'homme...
La nature place la matière précisément là où elle est nécessaire, c'est à dire sur ses lignes de rupture potentielle. A partir de l'observation de ces phénomènes de rupture, on parvient alors à construire des édifices extrêmement résistants, avec un minimum de matériau.
J'aime l'idée qu'on puisse ressentir devant mes sculptures le même émerveillement, le même moment de suspens que devant la nature elle-même bâtisseuse.
Avant tout, je veux construire en trois dimensions, travailler dans l’espace, et proposer ce dialogue avec un lieu, avec un contexte et les énergies humaines qui y interviennent. Je cherche à organiser la matière en structures aériennes, à la fois imposantes et légères.
Les volumes déployés peuvent être impressionnants, mais on voit toujours le ciel au travers, et ils restent presque impalpables. Leur âme structurelle, puissante et graphique vient jouer tout en harmonie ou en contraste avec les éléments en présence (bâtiments, arbres, mobilier urbain, chemins), révélant ainsi de nouvelles perceptions du site d'implantation aux gens qui le parcourent.
Je revendique mon besoin irrépressible de bâtir. Toute la filiation des maçons italiens qui m’ont précédé et qui ont beaucoup bâti passe à travers moi.
Cependant, c’est dans le dépouillement que j'ai choisi de construire. Plus de pierres taillées, de béton, ni de poids : seulement des lignes épurées, les structures minimales dans toute leur force et leur légèreté, comme des traits de crayon dans l’espace qui dessinent des formes à la fois stables et en mouvement.
Je travaille l'acier notamment sous la forme du fer à béton. Il s'agit d'un matériau considéré comme "ingrat". Il est généralement plongé et dissimulé dans le béton pour lui donner sa résistance : en le cintrant, en le tissant, en le tressant, j'ai plaisir à montrer qu'il est possible d'en faire des choses plus délicates et poétiques.